Bigmama, seigneur des anciennes communautés.

PARTIE 1 : RÉCIT D'UN PROFESSEUR

CHAPITRE 1

Tout commence au début de la deuxième ère...
Deux peuples s'opposent dans l'expansion de l'humanité, principalement : les romains et les grecs. Ils émergent des autres civilisations, laissant les égyptiens pourtant bien partis, les saxons, les vikking et les goths dans un état sauvage.
Leur civilisation était marqué par un culte polythéiste. Ils vénéraient en effet plusieurs dieux. Le plus improbable était qu'ils vénéraient les mêmes, les nommant juste différemment.
Ainsi Jupiter, dieu des dieux, dieu de la foudre et du ciel, maître de l'Olympe chez les romains, n'était autre que Zeus chez les grecs. Zeus et Jupiter avaient la même fonction. Ils ne faisaient qu'un.

Ces deux peuples, rivaux mais non ennemis, partageaient donc deux choses fondamentales pour leur peuple : leur évolution technique et politique et leur culture religieuse.

Pourtant ce furent les Césars de Rome qui dominèrent dans une science encore obscure dans ces temps très reculés : l'astronomie.
C'est pourquoi dans le système solaire d'origine, chaque planète portait des noms romains de dieux ; les Césars avaient attribué à chacune de ces planètes les divinités les plus importantes de l'Olympe.


La cloche sonna, et Bigmama leva les yeux au ciel en voyant ses élèves s'enfuir du cours au grand galop. Était-ce si ennuyeux que ça ?
Il ne comprendrait jamais.

- Monsieur.

Une élève était resté derrière son bureau, et enroulait ses cheveux autour de sons stylo, signe que visiblement elle était gênée et donc un peu timide.

- Qu'y a-t-il ?
- Vous avez une pause ?
- Oui.
- Pourriez-vous me raconter la suite ?

Bigmama marqua un moment de surprise.

- La mythologie est tellement intéressante, mais on trouve si peu de chose dessus, ajouta-t-elle.

Le professeur acquiesça et se dirigea vers la porte, pour la clore.

- La suite prévue dans mon programme n'est pas intéressant et légèrement erronée. Si vous permettez je vais prendre la liberté de vous conter la vérité. Ne prenez pas de note, et ne le divulguez pas. Cela doit rester entre nous.

La jeune fille acquisça.

- Bien. Alors voici l'histoire comme elle se déroula réellement...

CHAPITRE 2

Bigmama s'assit face à la jeune fille.

- Les grecs et les romains avaient de l'avance sur les autres peuples notament grace à l'astronomie. Alors que l'espace restait un mystère chez les goths où les vikkings, eux l'observaient déjà. Ce domaine leur étant propres, ils étaient rivaux.
*Ce furent les grecs cependant qui découvrirent la présence d'autres planètes.

- Monsieur...
- Oui ?
- Les planètes portent les noms de dieux romains dans le système solaire d'origine, je ne comprends pas.
- J'allais y venir.

La jeune fille rougit.
- Excusez-moi...
- Il n'y a pas de mal à être curieux, répondit Bigmama avec un sourire.
Puis il repris.

- Ce furent bel et bien les grecs qui découvrirent l'existence d'autres planètes, grâce à un système très ingénieux. Ils étaient en avance par rapport aux romains dans l'optique, et réussirent à agencer des lentilles convergentes et des miroirs concaves pour observer les astres. Nous utilisons le même principe pour concentrer nos rayons lasers sur nos vaisseaux spatiaux actuellement.
*Le télescope dit "de Newton" avait été créé au deuxième siècle avant JC en Grèce. Ils purent ainsi observer les planètes de Mercure à Jupiter, et les nommèrent.

Il appuya sur un bouton de sa télécommande et un homme chaussé de sandales ailées apparut à l'écran.
- La première planète était la plus proche du soleil, mais était petite, et faisait rapidement le tour du soleil. Ils lui donnèrent donc le nom d'un dieu mineur, mais rapide. La position de la planète, qui semblait un messager entre le soleil et les autres planètes, leur fit penser qu'ellze était l'incarnation du dieu messager, Hermès.

- Ainsi Mercure s'appèlerai Hermès.
Le jeune professeur acquiesça.

- Chaque planète avait des attributs, et les savants grecs les nommèrent en fonction de leur ressemblance avec le caractère de certains dieux. Ainsi le premier modèle du système solaire fut composé de Hermès, Aphrodite, Gaia, Arès et Zeus, tourant autour d'Hélios, le soleil.

- Mais, monsieur, si l'on s'en réfère aux anciens manuels d'histoire, jusqu'à Galilée la Terre était considérée comme immuable et le Soleil tournant autour.

- Oui, c'est le cas. Les savant grecs avaient beaucoup d'avance, mais il y eut de graves circonstaces qui firent que leurs recherches furent altérées et leurs trouvailles volées...

CHAPITRE 3

- Volées ? s'étonna la jeune étudiante.

Bigmama sourit.
- C'est pour cette raison que les romains purent s'attribuer cette découverte, et que les planètes du système solaire qui berça l'humanité furent nommés selon les noms romains et non les noms grecs.

- Mais que s'est-il donc passé ?

- Patiente... je vais y venir.
"Les grecs étaient divisés en cité à cette époque... Athènes brillait par se démocratie, Sparte par sa force militaire, etc.
"La découverte des planètes fut faite à Rhodes, une cité sans grande influence et plutôt faible militairement. Dès que Sparte et Athènes l'apprirent, les deux cités dominantes voulurent s'en emparer. Diplomatiquement, d'abord, puis militairement.
"Les armées de Sparte attaquèrent Rhodes un mois après et s'emparèrent des rouleaux contenant les notes sur la découverte des autres planètes.
"Sur le chemin du retour, l'armée Spartiate, affaiblie par l'attaque sur Rhodes, fut attaquée par les athéniens. Le général détenteur des rouleaux tenta de fuir. Alors que sa monture partait au grand galop vers l'ouest, il reçut une flèche dans la nuque. La monture cependant continua sa course.

"L'hostilité entre les cités fut accrue. Chacune prétendait que l'autre cachait les rouleaux afin d'étudier l'astronomie à l'aide de ces découvertes. Les cités grecques s'attaquaient fréquement.
"Ils ignoraient que le cavalier était mort et le cheval, effrayé par les cris du combat, dans une sorte de transe, avait galopé loin à l'ouest, jusqu'aux frontières romaines.
"Rome n'avait aucun scrupule à profiter de cette découverte, sachant que les grecs n'avaient pas la force militaire pour récupérer ce bien.

Bigmama soupira.
"Unis ils l'auraient eu, mais en apprenant que les romains avaient récupérés leur découverte, ils se rejetèrent la faute les uns sur les autres, et la guerre entre les cités continua.

- Et que se passa-t-il.
- Les romains donnèrent le nom de leurs dieux aux planètes. Mais contrairement à ce que les manuels d'histoire racontent, ils n'ont pas découvert les planètes eux-même.
- Et pourquoi me racontez-vous cela ? Comment l'avez-vous vous-même appris ?

- Jurez-vous de ne rien révéler de ce que vous avez entendus, ni de ce que vous apprendrez dans cette salle ?
- Je le jure.
- Alors je vais vous montrer pourquoi je connais ces choses et pourquoi je vous les transmets...

CHAPITRE 4

Bigmama s'approcha de l'interrupteur et l'actionna. Les lumières s'éteignirent, hormis le détecteur de fumée qui diffusait une très légère lueur rouge dans la salle. La jeune fille poussa un cri de surprise.
- Votre main, elle...
- C'est exact.

Bigmama actionna de nouveau l'interrupteur et les néons éclairèrent de nouveau la petite salle de classe. S'il y avait eu des fenêtres, Bigmama n'aurais pas put révéler son secret, mais cette salle de classe était au coeur de l'établissement et n'avait d'autre ouverture que la porte sur l'extérieur.

- Votre main...
- Les deux, corrigea Bigmama. Mes deux mains luisent dans l'obscurité.
- Vous seriez donc...
- C'est exact. Je suis né sur Terre, dans un des derniers bastions de l'humanité, en Grèce. Je crains d'ailleurs que ce soit encore le seul endroit où l'on puisse apprendre l'histoire de l'Antiquité grecque. Comme vous le voyez les réacteurs nucléaires dont les hommes ont couvert la Terre avant de conquérir l'espace ne sont pas sans effets. C'est pour cela que les terriens sont recherchés... par peur d'une épidémie radioactive.

L'étudiante éclata de rire.
- C'est stupide, les mutations ne se transmettent seulement à la descendance.
- Je ne fait qu'énoncer les prétextes des gouvernements. Qui peut connaître leurs raisons véritables.
-Mais monsieur...
- Oui ?
- Pourquoi me révéler tout cela, à moi ?

CHAPITRE 5

Bigmama resta coi.

- Cela ne t'intéresse-t-il pas ?
- Si mais... pourquoi braver les lois pour me le raconter ?
- Parce que tu es la seule à sembler m'écouter.

La porte s'ouvrit à la volée, et le proviseur apparut dans l'encadrement. Derrière lui se tenaient deux représentant de l'ordre, pistolet paralysant au point.

- Bigmama, fit le proviseur avec un sourire narquois, je savais bien que vous étiez louche. Je me suis permis de mettre votre classe sur écoute, et j'ai bien fait.
Les deux soldats mirent Bigmama en joue.

- Arrêtez, cria l'étudiante en se mettant devant son professeur.
Elle reçut deux charges paralysante et s'effondra dans les bras de son professeurs. Il la posa délicatement sur le sol et s'avança.
- Je me rend si vous laissez cette jeune fille hors de cette histoire. Quand elle reprendra ces esprits, je souhaite que ce soit ailleurs que dans une cellule.
- Elle a défendu un terrien, elle est hors-la-loi.
- Je lui ai fait juré de ne rien révéler avant qu'elle connaisse ma véritable identité.
- Que vous vous rendiez ou pas, le résultat est le même, de toute façon, ricana le proviseur.
Bigmama s'écroula, touché par deux charges paralysantes.

PARTIE 2 : DE QUOI SUIS-JE ACCUSÉ ?

CHAPITRE 1

Bigmama repris conscience difficilement. Il avait les tempes qui battaient fortement et ses oreilles bourdonnaient. Sa bouche étaient pâteuse et ses poignets lui faisaient mal.
Il ouvrit les yeux. Il était assis sur une chaise de métal, et était entravé aux accoudoirs par des liens de plastique. En face de lui, à un mètre à peine, une porte grillagée laissait entrevoir un cockpit. Il était dans un vaisseau de la police intergalactique.
Le compartiment était petit, à peine trois mètres sur trois. À côté de Bigmama, atachée à une chaise identique, l'étudiante reprennait ses esprits elle aussi.
Bigmama regarda à travers le grillage. Ils étaient dans une cité, et le vaisseau blindé volait à basse altitude.
Il regarda ses liens, de simples sangles d'un plastique souple mais solide, serrées par le même système qu'une ceinture. L'attache métalique émit un petit cliquètement quand Bigmama se tourna de nouveau vers l'étudiante.

- Que se passe-t-il, demanda-t-elle, ses esprits retrouvés et le regard affolé.
- Nous sommes dans un vaisseau de l'interpol spatiale. Ils t'accusent de m'avoir défendu.

Des larmes perlèrent aux coins des yeux de l'étudiante.
- Mais que va-t-il m'arriver ?
- À toi, pas grand chose. Au pire trois jours d'arrêt, au mieux une caution de quelques crédits. Tes parents ont sans doute déjà été appelés.

L'étudiante se débattit, et les liens de plastique tracèrent des sillons sanglants sur ses poignets.
- Calme-toi, calme-toi, sussura Bigmama avec la voix la plus douce possible.
- Vous ne connaissez pas mes parents. Ils ne payeront jamais rien pour moi, pas même une caution.

- Silence ! cria une voix depuis le cockpit.

- Ils me laisseraient croupir en prison des mois au lieu de dépenser cent crédits pour me libérer.

- Silence ! répéta la voix.

- Calme-toi, répéta Bigmama.

- Je vais rester enfermée pour avoir posé une question, repris l'étudiante en pleurant.

La serrure de la porte cliqueta et un homme entra.
- Je vous ai demandé de vous taire deux fois... Je vais vous faire taire moi-même puisque vous ne comprenez pas.

Bigmama se mordit la lèvre au sang, et perdit connaissance, frappé de nouveau par une charge paralysante. Le soldat toura son arme vers la jeune étudiante qui subit le même sort.

CHAPITRE 2

Où suis-je ?

Une migraine effroyable, semblable à une tempête ravageant l'intérieur de son crâne, torturait Bigmama.
Il retrouvra d'abord l'usage de ses sens. Il était allongé cette fois, dans une pièce au plafond blanc tâchés par de la crasse ou de la fumée. Il planait une odeur rance de poussière et de sueur. Bigmama entendait une autre respiration que la sienne. Le sol était dûr, et quelque cose de froid enserrait son poignet gauche.
Il put ensuite utiliser ses doigts. Par leur force, il hissa son bras jusqu'au mur. Celui-ci, couvert de peinture, était glissant d'humidité.
Petit à petit, il retrouvait l'usage de ses membres. Quand il put enfin tous les utiliser, il se redressa et s'assit en tailleur. Il s'assit et regarda son poignet gauche. Un bracelet d'acier brillant et poli, muni d'un petit écran affichant un cadenas fermé et d'un récepteur infrarouge, entravait le poignet du professeur. Un anneau sortait d'une fente de la partie la plus épaisse du bracelet, premier maillon d'une chaîne que entravait Bigmama au mur.
L'étudiante était allongée de l'autre côté. Ses yeux étaient encore fermés, mais sa poitrine se soulevait à un rythme régulier.

Bientôt la porte d'acier s'ouvrit après le cliquetit des verrous défaits, et un homme entra. Il était petit, et aurai semblé chétif sans son expression froide, l'aura imposante qui se dégageait de son air, et les cinq étoiles sur l'épaulette de sa veste indiquant qu'il était un haut commissaire.
L'homme se dirigea vers l'étudiante, tâta son pould, et semblant soulagé se dirigea vers bigmama.
- Ne vous inquiétez pas mon poulds bat régulièrement malgr les deux charges paralysantes, il me martèle les tempes douloureusement et ce trop souvent à mon goût, fit Bigmama acerbe.
Son regard quitta le commissaire pour se poser sur l'étudiante qui se redressait, et il se permit un soupir de soulagement.
Le commissaire regarda avec étonnement les deux spécimens qu'on lui avait ramenés. À la rigueur, cela ne le perturbait pas de voir un terrien se relever, qui savait ce que la radioactivité avait fait sur eux... Mais la fille n'avait pas de mutations, si le dossier qu'ils avaient sur elle était vrai. Elle aurait du rester inconsciente au moins une heure encore. Il se remit rapidement de sa surprise cependant.
- Bien. Je suis le commissaire du secteur A87 de cette plaète.
- A87 ? s'étonna Bigmama. Pourquoi nous avoir déplacé de trente secteurs ?
- Parce que seuls les hauts commissaires sont habilités à traîter les cas comme vous, et il se trouve que j'étais le plus proche de votre secteur.
- Les cas comme moi ?
- Voyons, le proviseur nous a fourni l'enregistrement, où vous avouez vous-même être un terrien.
- Et en quoi être terrien est-il contraire à la loi ?
- C'est contraire à la loi d'être un terrien non déclaré ! répliqua le commissaire.
- Se déclarer terrien revient à s'emprisonner à vie dans un centre d'isolement. Autant rester sur Terre.
- Vous avez enffreint la loi !
- De quoi suis-je accusé ?
- Je vous l'ai dit.
- J'aurait été transféré directement dans un centre d'isolement. De quoi suis-je accusé ?
- Très bien je vais vous le dire...

CHAPITRE 3

- Il y a cinq chefs d'accusation contre vous. C'est pour ça que vous êtes ici.
- Quatre chefs d'acc.... Mais de quoi suis-je accusé ?
Le commissaire sortit sans répondre et verrouilla la porte d'acier derrière lui.
- Il y a toujours au moins trois chefs d'accusation quand on est ici, fit l'étudiante.
Elle était appuyée contre le mur et se frottait la nuque.
- Qu'en sais-tu ? Et pourquoi étais-tu paniquée out à l'heure et es-tu calme à présent ?
Elle sourit, puis grimaça et se frottant le ventre.
- Ces projectiles paralysants sont douloureux.
Bigmama sourit, la fille était peu habile pour noyer le poisson, mais il décida de lui laisser un peu de répit.
- Je réalise que je ne connais ni ton nom, ni ton âge, fit Bigmama. J'ai tellement d'élèves, et ça fait à peine une semaine que les cours ont repris.
L'élève sourit, reconnaissante.
- Je m'appelle Lydith Junian. J'ai dix-neuf ans. Et vous, si ce n'est pas indiscret ?

Bigmama resta silencieux un instant, avant de répondre :
- Mon nom importe peu, appelle-moi Bigmama. Quand à mon âge, j'ai 28 ans.

Ils restèrent un instant silencieux, puis l'étudiante soupira longuement.
- Vous voulez vraiment savoir pourquoi je ne suis pas paniquée ni même surprise ou mal à l'aise ici ? Après tout, nous allons sans doute passer un certain temps, je peux vous le conter rapidement. Mais je crains de vous ennuyer.
Le professeur sourit.
- Je pense que je t'ai plus ennuyé que tu ne m'ennuieras avec ton histoire. Puis tu m'as bien écouté, alors c'est à mon tour.
- Bien. Voilà une expérience personnelle dont je me serait bien passée...

CHAPITRE 4

- Je suis la fille d'ingénieurs d'un grand chantier spatial. Mes parents ont des horaires faramineux, ils sont généralement partis travailler avant que je me lève et rentrent tard, parfois même après que je soit couchée. Autant dire que ma relation avec eux se limite à quelques mots murmurés, quelques marques de tendresses.
"Nous ne sommes pas pauvre, mais hors des fêtes, mes parents sont plutôt pingres.
- Ils payeraient ta caution, tout de même...
L'étudiante esquissa un demi sourire.
- Même pas. Ce n'est pas ce qui me calme. Je m'inquiète pour mon futur, mais je sais pertinemment qu'ils ne se donneront pas la peine de payer pour ma libération.
- Qu'est-ce qui te fait dire cela ?
- Parce qu'il ne l'ont pas fait lors de ma première incarcération. (Voyant que Bigmama ne comptait pas l'interroger, elle poursuivit.) Je souhaitais voir mes parents plus que les quelques minutes que m'accordaient leurs horaires aberrants. J'ai donc dépassé la zone publique du chantier. Évidemment, la sécurité m'a capturée et m'a remise à la police.
"J'ai passé quarante-huit heures en garde à vue enchainée dans une pièce semblable à celle-ci, puis deux semaines dans une prison pour mineurs. Mes parents auraient pu me faire libérer en payant une caution d'à peine cinquante crédits, ils ne l'ont pas fait.
"Je sais ce qu'il peut m'arriver, et j'ai réalisé ce qui m'arrivait contrairement à quand je me suis réveillée dans la navette, où mon dernier souvenir était de m'être avancé devant les policiers. Tout est dit.

Les écrans de leurs bracelets clignotèrent et une boite fut déposée à côté de chacun d'eux par un bras mécanique, contenant sans doute leur repas.
- Si tu veux je peux continuer mon cours, pour occuper le temps.
- Soit, fit-elle en souriant.
Ils commencèrent à manger en parlant des civilisations, oubliant dans la discussion qu'ils allaient être jugés injustement.

CHAPITRE 5

Lydith était particulièrement intéressée à l'histoire de la Grèce Antique, à la politique comme à la mythologie. Cela permit à Bigmama et elle d'occuper le temps qui les séparait de la fin de la journée. Le soleil disparut bientôt à travers les deux lucarnes, et un néon s'alluma.

Puis la porte s'ouvrit, faisant taire Bigmama qui parlait d'Héraclès. Le commissaire apparut, armé d'un pistolet à charges paralysantes. Il sortit une télécommande sur laquelle il appuya en direction de Bigmama puis en direction de Lydith, avant de les mettre en joue. La commande avait ouvert les anneaux de leurs bracelets d'acier, premiers maillons des chaines qui les reliaient au mur, les libérant.
- Toute rébellion sera un chef d'accusation supplémentaire pour votre procès. Passez devant.
Sous les ordres du commissaire et la menace de son arme, ils longèrent des couloirs nus jusqu'à une porte qui s'ouvrit sur une grande pièce.
C'était une grande salle, composée d'une estrade, d'un gradin surélevé et dans la partie basse un long banc muni d'anneaux à intervalle régulier. Trois personnes étaient assises derrière un large bureau sur l'estrade, dont la était claire, il s'agissait d'un juge, d'un avocat et d'un greffier. Les gradins étaient vides, et le commissaire les avait fait entrer dans la partie inférieure, non loin du banc.
- Asseyez-vous à droite d'un anneau.
Lydith prit les devants et s'assit au milieu du banc. Le commissaire appuya de nouveau sur la télécommande. L'étudiante sembla poser sa mais sur l'anneau et celui de son bracelet se referma sur celui du banc.
Bigmama la rejoint et s'assit à l'extrémité du banc. Le commissaire le visa avec sa télécommande, et sans qu'il puisse rien faire, Bigmama fut entravé au banc à son tour. Le système était ingénieux, il s'agissait d'un puissant électroaimant permettant d'enchainer sans explications ni résistance.
- Bien, fit le juge. La 3702e session du tribunal A87 jugeant ledit Bigmama, terrien, professeur vingt-huit ans, et Lydith Junian, humains, étudiante de dix-neuf ans est ouverte.

CHAPITRE 6

- Les chefs d’accusations contre ledit Bigmama sont les suivants, continua le juge : terrien non déclaré, introduction de radioactivité dans un établissement scolaire, faux papiers et tentative de corruption de fonctionnaire, dans le cas présent deux policiers.
- Mais… protesta Bigmama.
- Les chefs d’accusations contre Lydith Junian sont les suivants : opposition à une intervention policière, rébellion lors du transfert, protection de terrien et non-respect des conditions relatives à sa libération il y a sept ans. Greffier, rappelez-nous ces conditions s’il vous plaît.
L’homme interpelé tapa deux fois sur son écran tactile et lut le dossier qu’il venait d’ouvrir.
- En vue du jeune âge de la détenue, sa peine est allégée de six semaines, cependant l’accusée ne devra pas avoir de démêlés judiciaires sur une période de dix ans, ni s’approcher du complexe spatioportuaire dans lequel elle s’est introduite par effraction. Si Lydith Junian ne respecte pas ces conditions, elle purgera une peine de trois fois l’allègement, soit de dix-huit semaines, en plus de la peine encourue pour l’éventuel délit commis.
Le juge se pencha sur son bureau.
- Cela fait une peine minimale de dix-huit semaines. Avocat, des circonstances atténuantes pour la prévenue ?
- Je n’en vois aucune. Laissons la prévenue s’exprimer.
- Mademoiselle Junian ?
Lydith leva la tête et sourit aux trois hommes de loi, ce qui sembla les mettre mal à l’aise.
- J’ai agi instinctivement il est vrai, mais après réflexion, je suis persuadée que je me serais opposée même si j’avais eu le temps de réfléchir, car je trouve qu’il est injuste de s’acharner sur les terriens. Je n’ai donc aucune circonstance atténuante.
Le juge grimaça, puis prononça ça sentence.
- Mademoiselle Junian est donc condamnée à seize semaines, auxquelles s’ajoutent les dix-huit semaines pour non-respect des conditions de sa libération, c’est-à-dire trente-quatre semaines. Elle sera incarcérée dans le secteur D 18.
Le greffier se racla la gorge.
- Oui ? fit le juge.
- Le rapport dit qu’en recevant la charge paralysante, la détenue est tombée dans les bras de Bigmama.
Le juge se frotta le menton, un peu gêné, avant de parler.
- Le verdict est modifié. Quatre semaines de détention sont ajoutées, ce qui fait trente-huit semaines de détention. La prévenue sera en outre incarcérée dans le secteur de détention D 1. Passons à présent au procès dudit Bigmama…

CHAPITRE 7

Bigmama sourit avec sarcasme.
- Vous m’accusez d’avoir pu passer à travers les mailles du filet destiné à parquer les terriens dans des centres d’isolement, mais je ne vois pas en quoi être terrien est un crime. N’ai-je pas le droit de désirer vivre libre ?
- La parole ne vous a pas été donnée ! rugit le juge.
- Mais je la prends. Le secret que vous dissimulez, et que seul les terriens connaissent, je ne peux pas le révéler…
Il releva sa manche gauche, dénudant une sorte de tatouage formant un signe compliqué.
- C’est un sceau. J’imagine que vous savez ce qu’il représente et ce à quoi il sert. Alors maintenant que vous avez la preuve que je n’ai pas la possibilité de révéler le secret de la conquête spatiale, j’aimerai savoir…
Bigmama arrêta subitement de parler, quand en un éclair un projectile paralysant frôla son épaule, lui envoyant une décharge dans tout le corps qui le sonna sans le faire sombrer dans l’inconscience. Le commissaire abaissa son arme.
- Vous n’avez donc aucune circonstance atténuante. Vous êtes donc condamné à quatre-vingt treize semaines de détention, auxquelles s’ajoutent huit semaines pour perturbation du procès, peine que vous purgerez dans le centre de détention du secteur D1. Vous serez ensuite transféré dans le secteur d’habitation X3 où vous serez assigné. La séance est levée.

Bigmama grimaça en se frottant l’épaule et en maugréant de mépris. Le procès pour eux deux avait à peine duré cinq minutes.

- Maître ?
- Oui ? répondit le juge.
- Y a-t-il une caution pour moi ?
- Oui… mais étant donnée la peine elle est de deux mille crédits. Cependant cela ne devrait pas être trop cher pour vos parents étant donné leur profession…
- Aurais-je accès à l’éducation pendant mon incarcération.
Le juge marqua un silence. Visiblement Lydith pensait que ses parents la laisseraient en prison. Cela le répugnait, mais aucune loi n’obligeait les parents à payer les cautions, et c’était bien dommage.
- Oui.
- Merci. C’est tout, monsieur le juge.
- Bien, commissaire, vous pouvez ramener les prévenus en garde-à-vue, la navette arrivera demain matin.

Une fois enchaînés dans la pièce de garde-à-vue, Bigmama et Lydith s’assirent.
- Professeur…
- Ne m’appelle plus ainsi, je ne le suis plus. Appelle-moi Bigmama.
- D’accord… Bigmama… pourquoi m’avoir raconté l’histoire des grecs… et la vérité sur vos origines… à moi ?
- Tu tiens vraiment à le savoir ? La réponse risque de te décevoir…
- Oui, dîtes-le moi.
- Alors tutoies-moi, s’il te plaît, dit Bigmama, puisque nous purgerons notre peine dans le même centre de détention…
Lydith sourit, et Bigmama inspira afin d’avouer la médiocre vérité.

CHAPITRE 8

- J’avais seulement besoin d’outrepasser mes droits. L’histoire que je t’ai racontée n’a aucun impact, ni aucun intérêt, mais n’était pas au programme et n’avait rien à faire là. C’était juste pour te montrer que depuis les origines même de l’humanité l’homme est dupé ; que l’histoire qu’on lui apprend est toujours fausse ou incomplète. C’est toujours le cas, mais certains connaissent des secrets qui pourraient ébranler les fondements de la République intergalactique. Ce sont majoritairement des terriens. C’est pour ça que nous sommes pourchassés, nous terriens.
- Mais cette marque sur votre bras…
- Tutoies-moi. Quand à cette marque, c’est un sceau. Il m’empêche de révéler certains secrets les plus importants, et m’a été apposé après que j’ai été éduqué par mes parents, quand j’ai étudié afin de pouvoir quitter la planète. Comme quoi même les terriens sont corrompus par le pouvoir intergalactique au point d’enfermer des informations capitales.
- Mais comment cela peut vous… t’empêcher de révéler ces secrets ? Ce serait de la magie…
- En quelque sorte. Y crois-tu ?
- À la magie ? Que je sache, il n’est pas enseigné à l’école qu’elle existe. Encore une déviation du programme scolaire ?
- J’ai comme l’impression de toute façon que mon métier de professeur est un peu compromis pour l’instant.
- Vous pouvez développer sur la magie, s’il vous plaît ?
- Non.
Elle sourit.
- Désolé. Tu pourrais me parler de cette magie s’il te plaît.
- Pour ça il faudra que tu me croies. Je peux te raconter les conditions de vie sur Terre qui développent certains pouvoirs… mais tu risques de croire à des élucubrations d’un fou.
- Tu es tellement étrange, que je risque de ne pas être étonné par les plus farfelues de tes élucubrations.
- Alors voilà mon histoire, l’histoire des terriens…

CHAPITRE 9

- La Terre, si tu ne le sais pas, a été abandonnée aux centrales nucléaires en surproduction et aux déchets radioactifs. Tout l’écosystème, en proie aux nuages radioactifs et aux flux de particules, a été modifié. De nombreuses espèces ont disparu, les plus vulnérables. Beaucoup de petits mammifères, de petits poissons. D’autres sont apparues, ou on muté. Ainsi sont apparus par exemple les centaure, qu’avant on n’aurait osé imaginer, ou les pégases. Mais la plupart des créatures apparues sont plutôt monstrueuses. Qui plus est, les systèmes de mise à feu utilisés pour les armes à feu ont été détruits, neutralisant toutes les armes utilisées alors dans les dernières années de la Terre comme on l’enseigne en histoire.
« Les humains ont non seulement mutés, mais face à la faune agressive et aux conditions de survie particulièrement rudes, ils ont du puiser en nous-même et dans les forces extérieures la force de préserver l’humanité sur la Terre.
« On arrive à un point que tu n’as jamais vu nulle part, et que seuls les individus concernés connaissent. L’homme est soumis à deux flux. L’un externe, connu dans une galaxie lointaine, très lointaine, et sinon par quelques individus de cet univers. Il s’agit de la Force. Elle régit les mouvements galactiques comme la vie microscopique. Ceux qui savent l’utiliser sont réceptifs à la Force. Les terriens, cependant, ne sont pas de ceux-là.
« Le deuxième flux est intérieur, personnel. Il s’agit du chakra. Les terriens sont sensibles au chakra, mais chacun en possède, puisqu’il régit tous les mouvements biologiques de notre corps, même la réceptivité à la Force.
- Ça signifie que ceux qui sont réceptifs à la Force ont beaucoup de chakra ?
- Au contraire, répondit Bigmama avec un sourire. Moins le chakra d’un individu est puissant, plus il produit de médichloriens, qui le sensibilisent à la Force, afin d’équilibrer ses énergies, puisque théoriquement il n’a pas assez de chakra pour survivre. Quand aux plus réceptifs au chakra, ils ne ressentent jamais la Force. Un homme qui aurait les deux énergies serait tellement puissant qu’il pourrait sauter d’une planète à l’autre et briser des lunes à mains nues.
« Nous n’avions pas besoin de la Force, elle ne pouvais pas nous sauver. Le chakra a permis la survie de l’humanité sur Terre.
« Le chakra, en effet, nous a donné des pouvoirs magiques digne des magiciens légendaires des grands romans.
- Mais comment vous êtes-vous défendus face à la faune agressive ?
- Ça c’est le deuxième changement majeur chez les habitants de la Terre. Nous nous sommes entraînés au combat à mains nues, et au maniement d’armes courtes ou de jet. Nous avons apprs aussi à malaxer le chakra, l’utiliser pour prendre des termes plus explicites, pour pouvoir l’utiliser de manière agressive. Bref, nous avons tout des ninjas de la légende. Ceux qu’on voyait dans les mangas, il y a longtemps… avant la conquête spatiale…
- Tu veux dire que…

CHAPITRE 10

- Oui.
- Et tu ne t’en es pas servi pour nous libérer ?
- C’est à cause des projectiles paralysants.
- Explique-toi…
- Les charges paralysantes libèrent en fait dans le corps au contact de l’épiderme un courant opposé au chakra. Presque tout le chakra est brûlé, il reste seulement le minimum vital…
- Brûlé ?
- C’est un sens du mot spécifique au chakra. En fait, il est consommé. C’est le manque de chakra qui fait que le corps tombe en léthargie, et que la cible perd connaissance.
- Cela veut-il dire que nous n’avons plus de chakra ?
- Si, car il se régénère. Cependant il se brûle plus vite qu’il ne se régénère. Nous en avons donc récupéré, même si j’en ai perdu toute à l’heure au procès, mais pas assez pour effectuer des techniques qui nous permettraient de nous enfuir.
Leurs bracelets clignotèrent, et leurs dîners furent déposés à côté d’eux. Ils mangèrent silencieusement, puis la nuit vint à tomber. Ils parlèrent jusqu’à ce que l’obscurité soit totale, puis d’un commun accord s’allongèrent sur le sol dur.
Bigmama s’endormit aussitôt.

PARTIE III : Incarcérés

CHAPITRE 1

Ils furent réveillés par la lumière du jour filtrant par la lucarne de leur cellule.
- Bigmama, tu peux ?
- Oui, je pense que j’ai récupéré assez…
La serrure cliqueta, et un policier entra, pointant son pistolet paralysant sur Bigmama. Il poussa vers lui, du pied, une étrange machine cubique avec une ouverture unique.
- Relevez votre manche et mettez votre bras droit dans l’ouverture.
Le terrien s’exécuta. Une gaine se referma sur son bras. Il sentit que quelque chose de froid lui touchait le poignet, puis l’encerclait, et peu après la gaine se desserra. Bigmama sortit son bras. A son poignet était refermé un bracelet d’acier parfaitement lisse, avec un moniteur et un capteur infrarouge, parfaitement identique à l’autre bracelet.
Une minute plus tard, le poignet droit de Lydith était muni du même bracelet, et le policier poussa la machine dans le couloir.
- Mangez, dit-il en leur désignant leurs petits-déjeuners déposés à côté d’eux. Vite.
La minute suivante, il actionna sa télécommande vers Bigmama. Celui-ci fut libéré de la chaîne fixée au mur, et ses bracelets magnétiques se joignirent dans son dos, le menottant. Il avait à peine commencé son repas. Lydith avait déjà fini et était déjà debout lorsque ses mains furent menottées.
Bigmama se leva tant bien que mal sous les ordres de policier. Celui-ci se recula sans cesser de pointer son pistolet à charges paralysantes sur eux.
- Avancez…